Retranscription des premières minutes :
- « Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face-à-face. » On en parle, mais on en parle toujours à la marge, de temps en temps.
- Et on en parle comment ? On en parle un peu n'importe comment.
- Vous savez, on parle des black blocs, des insurrections, des insurrectionnels.
- On l'entend, vous savez, des mots comme ça qui arrivent et puis on voit des images de violence ou d'insurrection, enfin d'insurrection en tout cas de groupe.
- Alors on entend les TAS, les ZAD, Notre-Dame-des-Landes, on entend les black blocs, on entend beaucoup plus, on les a entendus, les gilets jaunes.
- Et puis on entend ultra-gauche, les conseillistes, les violents, les anarchistes.
- Mais quels anarchistes ! On fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de confusion dans des mouvements qui existent depuis des décennies ou en tout cas dans des appétits, dans des inclinations et c'est très intéressant parce que, au fond, dans une société qui a tendance à s'asseoir, qui a tendance à se conformer, qui a tendance, soi-disant, à s'opposer mais en fait se retrouver dans les mêmes moules, il y a toujours des gens qui sortent du moule, peut-être qui y rentrent après, et qui décident de s'attaquer au vieux monde, de changer tout, que ce soit de détruire le capitalisme ou de détruire le bureaucratisme ou autre, et bien ça existe.
- Et vous savez, quelque part, bon, ça va peut-être vous paraître étrange, un peu le sel de la terre, c'est la marge.
- Et de temps en temps, évidemment, la marge rejoint la page.
- Et j'en parle pourquoi ? Parce qu'un livre très intéressant vient de paraître aux éditions du Cerf, Le Monde ou Rien.
- Bonjour Arthur Poulikin.
- Bonjour, enchanté.
- L'histoire du mouvement autonome en France.
- C'est très intéressant parce que vous rappelez cette espèce de, je dirais quand même de permanence d'un mouvement, on pourrait dire deux mouvements d'ailleurs, vous le dites vous-même, très très bien, il n'y a pas une étiquette, il y en a quarante, il n'y a pas, et puis c'est très flou, mais en même temps, il y a, et dites-moi si vous en êtes d'accord, il y a cet espèce de mouvement de dire, on ne peut pas accepter les choses telles qu'elles sont, on essaie de se révolter d'une manière ou d'une autre.
- Cette espèce de revendication qui existe d'ailleurs, elle est depuis Spartacus, enfin, si on veut remonter loin, c'est un peu ça que vous avez voulu décrire dans ce mouvement autonome ? Exactement, oui, c'est pour ça que je commence par revenir justement à l'histoire des marges.
- Je pense que c'est un peu ça.
- Dans toutes les révolutions, on pourrait remonter, comme vous le dites, à Spartacus, pour ma part, je remonte au moins à la Révolution française, pour montrer qu'il y a un continuum, une continuité historique du fait qu'il y ait des personnes qui ont souhaité aller plus loin à chaque fois, qui n'ont pas souhaité être récupérées, institutionnalisées, et qui ont maintenu cette flamme vivante à travers bien des époques et sous bien des formes, avec des dénominations, des pratiques qui sont diverses, parfois même contradictoires, c'est un mouvement d'une grande richesse.
- Bien sûr, très grande richesse, et vous le montrez dans votre livre, c'est pour ça que, vraiment, je le conseille, lisez-le, parce que, vous remontez, d'ailleurs, comme ça, je le dis un peu en vrac, mais on va en parler de façon plus précise, on rappelle Action Directe, on rappelle d'ailleurs, au commencement a été mai 68, mais en fait, ça date, vous venez de le dire, de bien avant, mais mai 68, c'est vrai, a représenté un moment où il y avait des gens qui voulaient vraiment détruire le système ou le changer complètement.
- Bon, ça n'est pas arrivé, on sait comment, ce qui s'est passé par la suite, mais ça a créé quand même, et vous le racontez, une myriade de mouvements qui ont, disons, vécu, qui sont morts, mais qui ont fait autre chose après, qui ont fait des petits.
- Racontez-nous.
- Oui, tout à fait, souvent, comme dans le livre Génération, on a tendance à limiter l'histoire de mai 68 à ces grandes figures, les plus connues, celles qui ont...
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